Cette étude parue en 2018 et publiée par des chercheurs indiens est très intéressante. Partant du constat que l’ionophorèse est efficace, mais non disponible ou trop onéreuse dans leur pays pour beaucoup de patients, ils ont cherché à tester l’efficacité et la sûreté d’un appareil d’ionophorèse « fait-maison ». En effet, les appareils à ionophorèse coûtent plus de 300 euros.
Pourquoi un appareil « fait-maison » ?
Les chercheurs sont partis du constat suivant : l’ionophorèse est une technique sûre, bien connue et non invasive. Elle est l’un des premiers traitements qu’il est suggéré de tester en cas d’hyperhidrose modérée ou sévère.
Seulement, dans les régions comme la leur où de nombreuses ressources sont manquantes, elle est peu proposée aux patients. Cela est du à son coût élevé ou tout simplement au fait qu’elle n’est pas disponible sur le marché. De plus, des visites fréquentes dans les hôpitaux ou cliniques disposant de la machine ne sont pas toujours possibles pour les patients.
C’est pour cela qu’un appareil maison pas cher était nécessaire pour augmenter la possibilité de faire réaliser des séances d’ionophorèse. C’est suite à l’initiative d’un étudiant ingénieur de 23 ans atteint d’hyperhidrose qui a lui-même fabriqué avec succès un appareil que les chercheurs ont souhaité fabriquer d’autres machines de ce type.
À quoi ressemblait cet appareil fabriqué soi-même ?
Le matériel nécessaire est très sommaire :
- Une batterie à courant continu de 12V (photo1). Pour faire fonctionner l’appareil plutôt sur secteur, il est possible d’utiliser à la place un transformateur à base de diodes semi-conductrices de courant alternatif de 220 V à courant continu 12 V (photo 2). Ce type de transformateur se trouve dans la plupart des magasins d’électricité et est utilisé dans les luminaires décoratifs à diodes électroluminescentes (DEL).
- Des câbles électriques de raccordement.
- Des pinces métalliques crocodile.
- Deux plaques en acier inoxydables, dans lesquelles il est possible de mettre de l’eau, donc suffisament profondes.
- Une prise de raccordement sur secteur en cas d’utilisation du transformateur et non de la batterie.
Le coût en Inde de tout le matériel nécessaire s’élève à 310 roupies soit moins de 4 euros. Bien sûr en Europe ce matériel sera un peu plus coûteux mais bien moins que les appareils vendus dans le commerce.
Les plateaux en acier doivent être placés sur une surface non conductrice et ne pas se toucher. Ensuite, il faut réaliser le montage tel que sur les photos ci-dessous.
L’ionophorèse avec cet appareil était-elle efficace ?
Cet appareil artisanal a été utilisé par 13 personnes atteintes d’hyperhidrose, en plus du jeune ingénieur. Elles étaient âgées de 15 à 38 ans. Au bout de 2 semaines, 5 d’entre-elles observaient une diminution de leur hyperhidrose. Elles étaient 7 au bout de 3 semaines. Une seule personne n’a pas vu d’amélioration. Aucune n’a eu d’effet secondaire. L’efficacité à duré au moins 6 mois à raison d’une séance par semaine après le protocole d’attaque.
Le protocole d’attaque était de 3 séances de 15 min par semaine durant un mois. (Voir mon article sur les protocoles d’ionophorèse.)
Il est intéressant de noter tout de même que 3 personnes ont réfusé de tester l’appareil fait-maison. La raison évoquée était une appréhension à utiliser l’appareil. Cela peut notamment être du à son aspect artisanal.
Que conclure quant à fabriquer soi-même son appareil d’ionophorèse ?
Si cet article devrait intéresser toute personne n’ayant pas encore de machine d’ionophorèse et souhaitant la tester, les habitants des pays où les appareils ne sont pas accessibles à l’achat ou trop onéreux devraient encore plus en tirer profit. Bien sûr, plusieurs personnes avaient déjà pensé à fabriquer soi-même des appareils. Les résultats de cette étude montrent que ce type de dispositif a été testé avec succès sur plusieurs patients. De plus, en cas de dysfonctionnement, toutes les pièces sont facilement remplaçables.
Cet article peut vous intéresser : ionophorèse, y a-t-il un danger ?
Certaines personnes peuvent tout de même préférer acheter un appareil même onéreux quand cela est possible. Personnellement, je ne sais pas si je ré-essairai l’ionophorèse un jour. Mais en cas de besoin, je pense que j’envisagerai la fabrication artisanale. D’autant plus que l’achat d’un appareil à ionophorèse en France n’est pas remboursé par la sécurité sociale.
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Références
Les références des deux articles scientifiques sur lesquels s’appuient ce post sont disponibles ci-dessous. Souvent les articles sur l’hyperhidrose ne sont pas accessibles gratuitement. Parfois même le résumé ne l’est pas, ce qui est fort embêtant. Saluons donc ces auteurs qui facilitent la diffusion de leur recherche en la rendant disponible facilement et gratuitement !
L’article qui teste l’appareil fait-maison sur plusieurs personnes. Jain S, Dey VK, Agrawal N. A Pocket-Friendly and Sustainable Iontophoresis Apparatus for Palmoplantar Hyperhidrosis (hyperhidrose palmo-plantaire) : Advancement over a Previously Described Homemade Design. J Cutan Aesthet Surg. 2018;11(3):153–156. En accès libre et gratuit.
L’article sur le jeune ingénieur qui a fabriqué lui-même son appareil. Nagar R, Sengar SS. A Simple User-made Iontophoresis Device for Palmoplantar Hyperhidrosis. J Cutan Aesthet Surg. 2016;9(1):32–33. En accès libre et gratuit.
Si vous avez besoin de faire le point avec moi pour identifier les solutions contre l’hyperhidrose les plus pertinentes pour vous : je propose des téléconsultations.
Publié par Nelly Darbois
J’ai fondé l’Observatoire de l’hyperhidrose en 2012. Mon but est de diffuser des informations plus fiables et précises sur la transpiration excessive que ce qu’on peut lire sur de nombreux sites internet, pour tenter de faciliter la vie des personnes atteintes.
Je suis aussi kiné / rédactrice scientifique et consultante/rédactrice Wikipédia, j’habite en Savoie 🌞❄️.